« Suono, le son à l'origine de toute musique : comment le faire naître, comment le mouvoir, le conduire, le combiner avec d'autres sons ? En bref, comment l'écrire pour mieux le découvrir ? Ce sont autant de questions auxquelles chacune des sept pièces de cet enregistrement répond à sa manière, pour embarquer l'auditeur vers cet ailleurs qui taraude l'imaginaire d'Édith Canat de Chizy et la guide dans une vision exploratoire de l'univers sonore.
Formée très tôt aux techniques électroacoustiques qui la mettent à l’écoute de l'objet sonore, Édith Canat de Chizy intègre depuis près de dix ans les nouveaux outils technologiques en collaborant avec les RIM (Réalisateurs en Informatique Musicale). En témoignent bon nombre d'œuvres mixtes, associant l'instrument à une partie électronique pour investir plus avant les dimensions du temps et de l'espace : cette approche constitue un nouvel élan pour la compositrice qui va transférer dans le monde instrumental les apports d'une pensée électronique qui l'habite aujourd'hui. »
C’est par ce propos liminaire que Michèle Tosi, dans les notes de livret, présente Suono, le programme que le label Signature publie aujourd’hui. Un programme qui réunit un bouquet de sept œuvres, emblématique de l’évolution du travail de la première femme compositeur membre de l’Institut de France, élue en 2005 à l’Académie des Beaux-Arts (qu’elle préside en 2017). Et que décrit ainsi Michèle Tosi :
Suono (2020) lui donne donc son titre et « consacre, l'union encore inédite de l'orgue et des accordéons microtonals du duo Xamp dans une pièce dont les quatre mouvements, Espace, Temps, Timbre et Vibration, constituent, dans la galaxie de la compositrice, les catégories cardinales de sa pensée du sonore.
C'est la mer qui dessine l'horizon poétique de Sailing (2020). Les cinq pièces de deux minutes chacune, dédiées à Dana Ciocarlie, empruntent le format des Alla breve/Création mondiale de France Musique : cinq états de mobilité de la mer – Ressac, Twinkle, Foghorn, Gust, Estran.
On associe aisément Prélude au silence (2010), une vignette de deux minutes aux Cinq miniatures (2013) pour violon et piano, deux pièces répondant aux sollicitations sensorielles et fugitives d'haïkus.
Dans Mobiles Immobiles, une pièce courte, s'exerce la dialectique du fixe – le stable versus le mouvant. Se dessinent également les boucles, mouvement mélodique rotatoire – que l’on retrouve dans toute l’écriture de la compositrice - activant le mobile dans l'immobile.
Vega est la première œuvre pour orgue d'Édith Canat de Chizy, composé en 2000 pour son commanditaire et dédicataire Jean-Christophe Revel. L'intervalle de quart de ton entre les deux claviers apporte ce supplément d'espace et de lueur vacillante à une matière-timbre éminemment sensuelle, quand la pureté de certains aigus crée l'illusion d'une présence électronique.
Enfin Dans Arcanes, les deux accordéons dialoguent avec l'électronique, se permettant de sonder les registres extrêmes et démultipliant l'espace grâce aux phénomènes d'écho et de réverbération. Les cinq mouvements de l'œuvre font référence aux cartes du Tarot de Marseille qui enflamment l'imagination d'Édith Canat de Chizy et balisent la trajectoire. »
Pour ce nouvel album, Edith Canat de Chizy s’est entourée de la pianiste Dana Ciocarlie, de la violoniste Marianne Piketty, de l’organiste Karol Mossakowski et du Duo Xamp, formé de Fanny Vicens et Jean-Étienne Sotty.https://www.youtube.com/@edithcanatdechizy5431