Soyez décalés ! 

"Travailler, travailler, travailler…" ! Cette injonction à la productivité, allègrement reprise en chœur par nombre de programmes électoraux ces dernières années, est scandée dans la sphère musicale par une unique voix, celle de neco flud, au ton faussement naïf et assurément malicieux dans le single Travailler sorti le 17 avril dernier pour annoncer son EP éponyme, 6 titres à paraître en octobre. "Travailler dur, Travailler mou, Travailler sérieusement, Travailler gaiement !"… Avec nonchalance mais un entrain certain, neco flud propose, face à l’obligation, l’alternative du ressenti de l’expérience. Sera-t-elle vécue comme une contrainte ou légère comme un jeu ? Non pas que son auteur soit un acharné du plein emploi mais, son côté touche-à-tout assumé, autant « graphiste pour remplir le frigo » qu’« auteur radio et musicien pour le vider », l’entraîne dans des aventures pleines d’allégresse. Et quand nécessité fait loi et que travailler est un moyen de s’assurer de quoi manger, autant s’en amuser quand cela est possible. "Manger ? Manger, chaud, Manger froid, Manger rapidement, Manger lentement" ! À ce second impératif, neco flud rappelle que si subvenir à nos besoins essentiels voire vitaux est non négociable, nos valeurs impliquent un choix : manger oui, mais équilibré ou gras, salé ou bio ? "Manger… Quand même !", conclut-il avec un art bien aguerri du second degré.

Amoureux des mots choisis, Luc Fedon ne fait pas cas de son vrai patronyme, lui préférant l’alias neco flud derrière lequel il se cache depuis l’adolescence pour produire ses petits strips de bande-dessinée ou ses courtes vidéos comme de mini animés colorés et épurés aux messages choux ou choc. Il l’utilise aussi pour signer ses compositions musicales ensoleillées pour diverses formations nantaises, de type fanfare avec Le Toucan Magique Brousse Band ou afro-jazz dans Le Véritable Ariel Toko qu’il a lui-même fondées, seul ou accompagné et pour lesquelles il joue et compose la plupart des morceaux, sans compter celles où il s’implique comme musicien telles Le Grand Machin Chose et l’Amfifanfare. C’est à l’occasion du festival des Rendez-Vous de l’Erdre en 2022, puis lors du showcase Musique et Danse en Loire Atlantique organisé par Ludovic Reitif, que la déléguée musicale de Radio France, Marjorie Rousseau, cooptée par sa bookeuse Nymphéa Boureau, découvre Le Véritable Ariel Toko et suit ses aventures musicales autant que celles de son fondateur.

Ses fanfaronnades aux influences musicales afro, jazz ou balkaniques rejaillissent dans ses chansons « qui n'ont de française que la langue » qu’il manie avec un sens de la poésie et de la dérision hérité de Bobby Lapointe et de Philippe Katerine. Rehaussées par son chant sobre et décomplexé à la manière d’Albert Marcoeur ou de Mathieu Boogaerts, on retrouve dans ses compositions la fausse simplicité de groupes comme Aquaserge ou Sage comme des Sauvages sur des rythmiques samba, latin jazz et afrobeat qui confèrent à l’ensemble un groove irrésistible qui appelle à la joie et la danse.

Luc Fedon n’est pourtant pas le seul trublion de ce projet solo en apparence. En 2018, il rencontre Lucas Pizzini aka Nosca Pizz au sein de la radio associative Jet FM où ils effectuent ensemble leur service civique. Confinés deux ans plus tard comme l’ensemble de la planète, ils mettent leur ennui au défi de leur créativité en confectionnant quelques chansons d’actualité agrémentées de clips. Essai concluant qui leur donne envie de prolonger l’expérience avec d’avantage de moyens : leur collaboration fructueuse s’épanouit dans la réalisation d’un EP qu’ils mettent plusieurs années à finaliser, composé et écrit par Luc et entièrement réarrangé pour l’enregistrement par Lucas, ingénieur du son, travaillant pour des projets de spectacle vivant et de musique expérimentale ou contemporaine avec notamment Will Guthrie et le musicien de gamelan javanais dans NistNah.

Ils jouent du mieux possible, selon eux, des instruments ou objets à disposition, appelant en renfort sur le prochain EP des musiciens aguerris comme Régis Moreau au saxophone ténor, Dimitri Cautain à la clarinette basse, Sven Michel aux percussions et Clément Chalubert à la batterie. Chloé Grimault s’exprime autant au tuba que dans les chœurs que relaient aussi Claire Veysset. Les cuivres sont bien présents pour cet amateur de fanfares qu’est Luc Fedon, qui joue aussi bien de l’hélicon que de la trompette. D’autres instruments inhabituels se retrouvent au crédit de cet EP, interprétés par Lucas Pizzini comme le banjolélé, la veuze (une cornemuse vendéenne) mais aussi la zurna (un instrument à anche double du monde arabe). Toujours adaptes du DIY, un orgue à flûtes a été improvisé en jouant de plusieurs flûtes à bec pour imiter des parties d’orgues. « Faire du mieux que l’on peut avec ce que l’on a » semble être le leitmotiv de neco flud à l’ingéniosité débordante. Si la grosse caisse manque, des récipients en plastiques retournés et posés sur l’eau feront l’affaire, voire mieux : après équalisation, le son ressemble au surdo brésilien… ! Pas de batterie ? Après avoir essayé de petites percussions classiques comme des shakers, claves et cloches, voilà que le duo trouve des ardoises d’hauteur de notes différentes qui empliront le rôle, version système D bourré d’idées !

Dans l’univers merveilleux de neco flud qui transforme la banalité du monde en terrain de jeux fait de bouts de ficelles comme autant de trésors à découvrir, oui, on n’a pas d’autre choix que de travailler mais avec en fond sonore la légèreté de cette chanson pour en faire de perpétuelles vacances !

▶️ Le clip graphique Travailler de neco flud réalisé par ses soins 🔽

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■ En attendant les prochains concerts de neco flud, retrouvez son univers joyeux, festif et décalé dans ses autres formations les :

• 20/07/2024 à Durtal (49) avec Le Véritable Ariel Toko
• 1/09/2024 chez Personne à Nantes (44) avec Le Véritable Ariel Toko
• 7/09/2024 au festival d’art de rue Cours et Jardin à Guémené-Penfao (44) avec le Toucan Magique Brousse Band