Du Temps de Vadek, veni, vedi, vici !

Le jeune rappeur nantais Vadek, 21 ans cette année, s’est fait connaître avec sa victoire au tremplin national Buzz Booster en 2020. Sélectionné par les INOUÏS du Printemps de Bourges l’année suivante, sa carrière s’est lancée au travers nombre de concerts dans la France entière, consolidée par le dispositif Transversales, parcours post accompagnement de l’émergence musicale conduite par le Fair, Buzzbooster, Le Chantier des Francofolies, Jazz Migration, les INOUÏS et Trempo.

Pourtant, les débuts de carrière d’un jeune artiste, s’ils s’avèrent prometteurs, peuvent parfois être cruels et il semblerait que Vadek n’ait pas été épargné par l’alternance de succès et désillusions. C’est le cas à travers sa participation à La Nouvelle Ecole, émission produite par Netflix et diffusée ce mois de mai. Sélectionné pour concourir avec d’autres artistes rap devant un jury de professionnels, la pression lui fait manquer de concentration sur un flow qu’on lui connaît d’habitude impeccable. Son éviction lui cause une amère colère exprimée en backstage et captée par les caméras, exposant aux téléspectateurs sa détresse amplifiée par un montage vidéo peu flatteur. Durement critiqué sur les réseaux, Vadek livre son ressenti dans son titre Spears "Pas assez de doigts pour compter/Tous les couteaux qu'on m'a planté dans le dos/Faut grave s'entraîner ou tu finis dernier(…)". C’est oublier que Vadek, âgé de 20 ans au moment du tournage de l’émission en août 2022, se mettait lui-même la pression pour émerger dans un secteur musical très concurrentiel qu’il évoque dans Sin City "On me répétait que je finirai condamné/Pendant tellement d’années/J’étais perdu /Dire que j’ai failli arrêter (…)". Neuf mois ont passé depuis ce tournage et Vadek a su tirer les leçons de cet incident pour s’affranchir de ses propres barrières, s’épanouir et se forger une singulière identité artistique.

Gagnant en maturité, il s’est entouré d’une équipe professionnelle de confiance incarnée par le label Dalia qui a choisi de lui tendre la main, conscient qu’un buzz soudain autant qu’un faux-pas ne doivent jamais définir la valeur d’un artiste.

Depuis lors, Vadek assume ses responsabilités avec dignité, n’ayant rien à prouver face à l’évidence de son talent ; à nous de reconnaître les nôtres par notre humanité. Cet appel, il l’exprime dans son titre Perdu "Le cerveau cramé par les réseaux/Très étrange ce soir j’ai vu la mort/T’en parles mais qu’en sais-tu ?/Tu sais tu peux perdre du sang si t’as pas la bonne attitude/On le fait même quand c’est dur/Nouvelle génération on fuck la procédure/J’te parle en mode humain/Car on l’est tous au final (…)".

L’accompagnement bienveillant de l’émergence reste essentiel pour que fonctionne au mieux l’industrie musicale. Radio France le sait bien et c’est dans l’émission Studio 41 diffusée le 19 mai sur Mouv’ que le chroniqueur Ismaël Mereguetti, faisant fi de cette mésaventure, a salué le talent de Vadek en nommant son EP « coup de cœur ».

C’est que Vadek avait promis de revenir avec un grand projet et qu’il a tenu parole. Il s’est attelé à composer plusieurs EP, dont le premier, Du Temps, composé de 8 titres, vient de sortir le 12 mai 2023. Le clip qui l’illustre propose 5 morceaux extraits de cet EP en une seule vidéo : Sin City, Diable, Spears et Tu Sais sous forme de teaser, et Perdu en intégralité. Ce concept a été pensé par le producteur Demas qui a sound designé le tout comme un seul titre, ce qui confère à l’ensemble une allure de rap-opéra musicalement homogène, ténébreux et intense. S’y s’accordent des expérimentations mélodiques orchestrales et organiques soutenues par une instrumentation variée mêlant sax, piano et nappes de cordes dans un projet presque symphonique. Dans ce clip très cinématographique réalisé par Hugo Durand, à l’ambiance épique voire dramatique, Vadek y figure en petit garçon impuissant face aux disputes de ses parents jusqu’à l’adulte qui peut désormais choisir la perception de ses épreuves pour les transformer en fuel de sa propre existence.

Et si les émotions transpirent des textes de Vadek, c’est sur scène qu’il les sublime par son interprétation. Le live, évoqué dans Perdu "Yo j’pars en tournée/J’compte plus les salles qu’on a retournées (…)", lui fait déployer toute l’énergie infusée par son public. Le rappeur se dirige inexorablement vers le haut et est prêt à faire exploser le plafond de verre.

« Vadek incarne la tentation du diable et toutes les limites avec lesquelles flirter sans tomber dans l’écueil de plonger dans les abysses. Le rappeur s’est confronté à ses démons, a reflété ses propres illusions pour mieux les dépasser, remplaçant ces mirages par les fondations pérennes d’un travail constant, d’une estime de lui-même consolidée, d’un entourage reconnaissant sa valeur et par la persévérance à croire en la réussite de ses projets, déjà acquise quand on chasse le doute avec humilité. Du haut de ses 21 ans, Vadek incarne l’acquisition d’une sagesse durement gagnée par l’épreuve du feu », exprime en écho la déléguée musicale Marjorie Rousseau. 

Le temps des regrets est révolu, bienvenue à celui de l’espoir, du renouveau et à la confiance retrouvée. Peu importe les obstacles et le temps qu’il faudra, l’œuvre de Vadek vivra et dans cette résilience tatouée dans sa chair, le rap collé à la peau, il passe du spleen à la rage de vivre retrouvée. Sa chanson Diable donne les mots de la fin qui résonnent pourtant comme un début, celui de sa nouvelle vie "J’ai tenté le diable/Pour oublier ce que je vis/Traîtres ne siègent plus à ma table /J’me focus sur projets d’avenir (…)".

Pour le bonheur du rap et le tien, c’est tout ce qu’on te souhaite, Vadek ! 

► La tournée de Vadek à l’automne est en construction, suivez son actu à venir sur le site Krumpp.fr et sur Facebook.

► Le clip Du Temps réalisé par Hugo Durand sur YouTube 🔽