La musique, harmonie du monde futur

Recommandé par Marjorie Rousseau, déléguée musicale nord-ouest

La reconnaissance du talent d’un groupe de musique émergent est liée à celle de son public, mais, pour ce faire, l’exposition sur les réseaux sociaux ne suffit pas. Pour se produire sur scène, se faire entendre sur les ondes et atteindre le cœur de son auditoire, les artistes doivent toucher les professionnels concernés, programmateurs et médias. S’entourer d’une équipe compétente, composée idéalement d’un bookeur, éditeur, manageur et d’un label, optimiser leurs sets par l’œil aiguisé de coachs scéniques ou se fier à la direction artistique d’arrangeurs et d’ingénieurs du son leur assure un soutien adéquat qui favorise leurs chances d’être repérés, diffusés et appréciés de leur public.

Rares sont les évènements réunissant tous les maillons de la filière musicale en les mettant en relation. Festival incontournable dans ce registre, le MaMA Music & Convention, dont FIP est partenaire, accueille pendant 3 jours, du 16 au 18 octobre 2024, environ 150 groupes représentant la nouvelle scène française et internationale. L’édition 2023 avait réuni 7 125 professionnels de 51 nationalités différentes, 482 médias ainsi qu’un public bien présent de plus de 5 200 curieux, avides de nouvelles sensations et de découvrir la crème des artistes de demain en faisant le pari de leur succès futur. Pour sa quinzième édition, professionnels, artistes et public vont encore se rejoindre au cœur de la capitale, dans le quartier Pigalle où tout ce joli monde déambule du matin jusqu’à tard dans la nuit au gré des rendez-vous et des envies pour se rencontrer, échanger et partager autour d’une passion commune : la musique. 

Destiné aux professionnels, le MaMA Music & Convention, coordonné par Elise Yacoub, s’applique depuis 15 ans à suivre et à anticiper les innovations du secteur de la musique, de la culture et de la société qui sont confrontées à un flux incessant de transformations. Pour se repérer dans le marché complexe de l’industrie musicale, le festival propose plus de 140 conférences, débats et ateliers accueillant des spécialistes venus du monde entier autour de thématiques qui reflètent, au-delà de la musique, les problématiques globales d’aujourd’hui pour mieux construire demain. Les enjeux technologiques – l’IA, les algorithmes, les plateformes de diffusion, la traçabilité des œuvres – mais aussi la santé publique – la prévention autour des violences sexistes et sexuelles ou la gestion des addictions – autant que la sécurité évènementielle et bien sûr, la parité et l’égalité de genre sont au cœur des questionnements. La problématique urgente des enjeux environnementaux sur le climat ou l’empreinte carbone ainsi que la proximité sociale avec les tiers-lieux, facteurs de liens et de créativité pour tous sont aussi au cœur des débats. Car s’il y a bien un domaine qui reflète les mutations de la société et même les devance, un outil unique pour deviner de quoi sera composé notre monde futur en permettant par anticipation une union de pensées et d’actions, c’est bien la musique.

Et côté musique, justement, le MaMA festival est généreux, s’ouvrant à tout public et invitant la scène musicale internationale avec 40 % d'artistes venus de l'étranger. Le reste de la programmation expose des groupes de toute la France sélectionnés par quatre membres du comité artistique sous la coordination de Bénédicte Froidure ou présentés en partenariat par des structures ressources des musiques actuelles en région, offrant ainsi une vaste palette d’esthétiques musicales reflétant toute la richesse des musiques actuelles.

Dès le jour d’ouverture, le Chabada d’Angers investit la Boule Noire avec le peps du duo électro oriental Alright Mela succédant sur scène à deux artistes de son Equipe Espoir, le sensible chanteur poète Chahu, dont le premier album Tristo Bambino vient de sortir le 4 octobre, et le doux duo oda. aux délicates envolées electro folk que l’on retrouve dans son premier EP Le Phare sortit le 27 septembre et chanté en français, anglais et serbe. L’association norma qui fédère, accompagne et renforce les musiques actuelles en Normandie présente au FGO Barbara ses groupes favoris comme la transe sombre des artistes queerness Fishtalk, le post punk dub du quatuor Rouperou et le noise rock tendu de la chanteuse Blank\\. En soirée, un crochet par les Trois baudets vous fait découvrir la chanteuse Nina Versyp révélée il y a 3 ans par le concours de Radio France Chanter 20 ans en 21 à moins que vous soyez tentés par le groupe mystère nantais Pamela à l’énergie pop-rock électrisante, présenté par l’agence A Gauche de la Lune et qui fait partie du dispositif T.R.A.M.E. (Temps Réels des Musiques Emergentes) dont Fip est partenaire, l’occasion de le découvrir avant sa tournée des Zénith aux côtés de Zaho de Sagazan. Quant au trio post punk noise tourangeau Péniche, il interprétera au Backstage By The Mill les tracks instrumentaux de son prochain album Triplé prévu en mars. Un détour par la salle Jacques Bravo s’impose pour se laisser emporter par les chants et percussions du trio féminin breton Maaar avant de rejoindre la Machine du Moulin Rouge qui invite les 7 membres du groupe breton Komodrag and the Mounodor (fusion des groupes Komodor et Moundrag) à faire résonner leurs riffs rock seventies irrésistibles.

La journée du jeudi commence avec un showcase au FGO Barbara : Hello Music réunit des professionnels des Hauts de France pour accompagner des projets émergents comme le punk rock de Future Exes, la pop minimaliste d’Anaysa et le power trio instrumental entêtant de Jungle Sauce. Vous avez manqué la prestation de Nerlov au dernier Hyper Weekend festival de Radio France ? Il chante son joyeux spleen en début de soirée à la Cigale alors que les lauréats des Inouïs (du Printemps de Bourges) se produisent au Backstage By The Mill, dont la révélation rouennaise Jean, chouchou d’Odezenne que vous avez aussi découvert lors de l’Hyper Weekend et le chanteur Marius installé en Picardie où il compose et enregistre ses chansons élégantes et écorchées. Le manceau Nouveau Monica, révélation electro dont le prochain EP Concealed Club Manifesto est annoncé, partage la scène de la Machine du Moulin Rouge avec la brestoise Swooh pour un set electro neo ghetto explosif et fluo accompagné des créations de la motion designeuse Océane Breton.

Et, pour clôturer cette riche édition anniversaire, l’electro explose le vendredi autour de la transe trad expérimentale au biniou du breton Craze au FGO Barbara et du rock métal électronique des Ukrainiens Ragapop à l’énergie rave, mystique et érotique, comme une dernière claque rappelant le champ de tous les possibles.

Chaque année, le directeur général du festival, Fernando Ladeiro-Marques, réussit sa mission au sein du MaMA festival Music & Convention : mettre en évidence que la musique est bien un langage universel qui nous relie dans un écosystème puissant où chaque intention et chaque action comptent pour vivre demain en harmonie. Entre l’hypersensibilité des artistes reflétant leur constat du monde et leur entourage professionnel respectueux de leurs valeurs et de celles de la société qui les reçoit, la musique incarne la recette de l’alchimie vers la convergence. Elle nous souffle qu’il y a de l’espoir pour notre futur tant qu’il y a de la joie à le vivre ensemble.

▶️ Les Chveux de Chahu, à retrouver sur son album Tristo Bambino 🔽

▶️ Baladavril de oda. extrait de son EP Phare 🔽

■ Toutes les infos sur le MaMA Music & Convention sont sur mama-musicandconvention.com, la billetterie est ouverte sur  mama-musicandconvention.com.

■ Le MaMA Music & Convention sur Facebook, Instagram et sur Linkedin.

 ■ Découvrez la programmation, la playlist des artistes : https://sdz.sh/gtk2I0