Quelque part entre Bartók et Chostakovitch, Mieczysław Weinberg, Russe d’origine polonaise, est un génie méconnu dont Mirga Gražinytė-Tyla et Gidon Kremer se sont faits les avocats.
Weinberg est né à Varsovie en 1919 et fuit l'avancée des nazis en 1939. Toute sa famille est arrêtée et exterminée dans les camps de la mort. Seul rescapé, il trouve refuge en URSS et est naturalisé soviétique. Sa dernière symphonie, la numéro 21, est composée entre 1989 et 1991 et est dédiée "aux victimes du Ghetto de Varsovie". Cette oeuvre intitulée "Kaddish" cite la Ballade n°1 de Chopin et s'inspire du lied "La vie terrestre" de Mahler. Elle s'achève sur un chant pour soprano sans parole interprété par Hulkar Sabirova (vendredi 14 novembre).
La 14e Symphonie de Chostakovitch, créée par Rudolf Barshaï en 1969, s'inspire également de Mahler (Chants sur la mort des enfants) ainsi que de Moussorgski (Chants et danses de la mort). Pour intrepréter cette ode à la vie et à la mort qui rassemble des poèmes d'Apollinaire, de Rilke, de Lorca et de Küchelbecker, le Philhar invite la soprano Aušrinė Stundytė et la basse Alexei Botnarciuc (mardi 18 novembre).
Dans son Premier Concerto pour flûte, Weinberg mêle une mélodie aux accents tristes pouvant évoquer la période de la Seconde Guerre mondiale et des motifs joyeux de valses klezmer, souvenir de son enfance à Varsovie. Le rôle de soliste est confié à Mathilde Caldérini, première flûte solo du Philhar (mardi 18 novembre). Le versant lumineux de Weinberg apparaît aussi dans son Concertino pour violon sous l'archet de Gidon Kremer (mardi 18 novembre).
Weinberg a subit les persécutions lancée contre les intellectuels et artistes juifs. Il fut même arrêté au début de l'année 1953 et enfermé plusieurs semaines à la Loubianka. Il ne fut libéré que grâce au décès de Staline. Sa Symphonie n°13 est dédiée à la mémoire de sa mère. Composée en 1976, elle est dirigée en création mondiale par Mirga Gražinytė-Tyla (vendredi 21 novembre).
Membre de l'Union des compositeurs de la République socialiste fédérative soviétique de Russie, Chostakovitch est à la fois compositeur officiel du régime et victime de la censure, comme en témoigne sa cantate Anti-formalist Raïok (Le Petit Paradis antiformaliste) satire à l'encontre du décret Jdanov de 1948 et créé de manière posthume en 1989 par Mstislav Rostropovitch. Cette œuvre brosse le portrait au vitriol de la nomenklatura soviétique (vendredi 21 novembre). Avec la basse Alexander Teliga, le Chœur de Radio France et le pianiste Andreï Korobeïnikov, qui est également invité pour interpréter le Concerto pour piano n°2 de Chostakovitch (vendredi 21 novembre) et le Quintette pour piano de Weinberg (dimanche 16 novembre).
Concerts à retrouver sur France Musique.