Nous voilà toutes et tous confinés ou presque. Une crise sanitaire sans précédent et tout à coup ce sentiment qu’un tel événement que l’on ne pensait jamais vivre agit comme un révélateur implacable. Révélateur de ce que nous savions déjà : à savoir l’importance absolue de la radio comme vecteur de lien social essentiel dans nos vies, et de la musique comme objet de désir universel et de partage, comme aucune autre forme artistique. Révélateur aussi de ce que nous savions moins ou que ne nous voulions peut être pas voir : le comportement de certains de nos semblables, l’extraordinaire besoin pour l’humanité d’être toujours regardée, écoutée, validée avec une volonté démonstrative exarcerbée. On ne change pas la condition humaine du jour au lendemain et les réactions très différentes des artistes aujourd’hui face à cet isolement contraint marquent aussi les forces et faiblesses d’une communauté déjà lourdement éprouvée par la crise économique due aux mutations technologiques et industrielle de la filière. Le talent et l’audace survivront sans nul doute au COVID-19. Le monde d’après se fera encore en musique, avec des artistes qui auront tiré les leçons de cette tragédie. Il faudra être sans doute encore plus véloce dans sa capacité d’adaptation aux usages de demain. Il faudra peut-être davantage réfléchir au rapport de force qui s’instaure de fait dans cette période d’immobilité forcée entre la vidéo et l’audio. Le monde de demain restera à faire (et non pas à refaire) comme le chantait subtilement Daniel Balavoine. Avec pour l’heure un sacré manuel de l’humilité aux pages encore vierges… Humilité que les chansons parfois investissent avec grâce…
« Pour retrouver la mémoire, suspendre les égos, se raconter des histoires, qu’est qu’il faut ? Pour écouter une chanson du début à la fin, de balcon en balcon s’échanger des refrains, redéfinir le retard, l’avance pour réinventer l’espace pour interroger l’impasse s’il faut ça, pour espérer le printemps qui s’avance pas à pas et qui attend son moment, s’il faut ça alors quoi ???... »
Ce sont les mots nouveaux d’un artiste, lui aussi nouveau. Il a 25 ans, vient de Bruxelles. Il s’appelle Noé Preszow. Il dit tout et c’est une fois encore dans une chanson…