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Billet d’humeur de Didier Varrod : Fête de la Musique

Le billet d'humeur de Didier Varrod
Le billet d'humeur de Didier Varrod © Pixabay

La Fête de la Musique avec Radio France

Cette semaine voit l’horizon se fixer sur la date du 21 juin. Un dimanche de fête. Un dimanche de musiques. On sait que pour certains professionnels, la Fête de la Musique est souvent l’occasion d’affirmer que « c’est un soir à rester chez soi ». Paroles évidemment de privilégiés qui n’ont pas cette chance comme moi, de fréquenter tous les soirs les salles de spectacles.

J’ai toujours eu une relation particulière et affective à cette fête. D’abord parce qu’elle signifiait pour le jeune homme que j’étais la concrétisation du nouveau monde que nous promettait François Mitterrand. Le vieux lion avait dit qu’il serait là pour « changer la vie » empruntant ainsi l’utopie d’un poème d’Arthur Rimbaud.

En juin 1982 on croit effectivement que la vie est en train de changer. Abolition de la peine de mort, dépénalisation de l’homosexualité, 5ème semaine de congés payés, libéralisation de la FM, prix unique du livre… Et un jeune et sémillant ministre de la culture, Jack Lang, qui mène tambour battant une politique pour démocratiser la culture. Ainsi fait-il naître avant les Journées du Patrimoine et la Fête du Cinéma, une journée nationale de la Fête de la Musique qui deviendra européenne puis mondiale. Ce jour-là, 21 juin, jour de l’été, partout en France, dans les rues, sur les places, dans les bars, dans tous les espaces publics mais aussi dans les salles de spectacles les artistes de toutes les disciplines musicales sont à la fête. C’est en premier lieu, le jour radieux des pratiques amateurs, mais c’est aussi l’occasion d’un dialogue entre les professionnels et celles et ceux qui jouent de la musique pour rester précisément dans la beauté du geste et du jeu.

On pouvait penser en 1986 que le 21 juin ne survivrait pas à son géniteur et aux alternatives politiques. Ce fut le contraire qui s’est heureusement passé. La Fête de la Musique a été reprise en main par les artistes, et les musiciens eux-mêmes qui en ont fait leur journée de célébrité.

Le 21 juin et Radio France sont des mots qui vont si bien ensemble. C’est une belle et longue histoire. Qui mériterait presque un livre. Ou un podcast.

La première fut animée par Jean Louis Foulquier qui organisa une immense parade dans Paris avec Jacques Higelin transfiguré en dieu d’un carnaval éphémère. De la Maison de la radio à la place de la Bastille. Nous sommes en 1982. Dès lors chaque année les antennes du groupe Radio France se sont mises au diapason de cette fête.

Des souvenirs qui se ramassent à la pelle. Parfois en prise directe avec la rue comme lorsque Dionysos enflammait la place Denfert-Rochereau. Parfois sous les lambris de la 5ème République, rue de Valois, ou dans les jardins du Palais Royal.

En 2010 l’Orchestre National de France joue sous la grande nef du musée d’Orsay. En 2012, le Parc André Citroën ressemble à un mini Woodstock avec une programmation hybride. L’Orchestre National de France joue un répertoire classique mais aussi de grandes bandes originales de cinéma… sous la direction de Sofi Jeannin : Chabrier, Espana de Bizet, L’Arlésienne de Gounod et Faust dialoguent avec les musiques de films d’Alexandre Desplat, Harry Potter, Star Wars, Superman...

L’année suivante, en 2013, France Inter occupe l’Olympia pour 24 h de musiques non-stop. Cali à 7h du matin, Stromae à 9h, La Grande Sophie joue ses morceaux avec l’Orchestre National de France, Christophe déboule sur scène avec Edouard Bear, Vincent Lindon et Rachida Brakni, Olivia Ruiz prend la tête d’un Big band, Féloche est là avec un orchestre de 100 mandolines.

L’année suivante Lana Del Rey vient fêter la sortie de son nouvel album et son anniversaire le soir de la Fête de la Musique pour France Inter. Résultat ? La veille, des tentes, s’installent devant l’Olympia pour les fans de la chanteuse qui ne veulent en aucun cas rater l’évènement. Soirée mémorable, où l’Olympia se remplira deux fois de suite dans la même soirée et verra aussi l’explosion inattendue sur scène d’une certaine Christine & the Queens.

En 2017 le très queer Kiddy Smile fait son premier Olympia le soir de la fête de la musique. Pendant que M rencontre pour un bœuf improvisé l’impressionnante diva queen Oumou Sangaré.

En 2018 la grève n’empêche pas Eddy de Pretto et Angèle de fouler pour la première fois la scène de L’Olympia. Le public est bien là, mais la radio ne répond pas… Ces soirs de fête, de Fête de la Musique sont donc aussi l’occasion d’écrire l’histoire.

Ce sera encore plus le cas cette année avec un week-end où toutes les antennes de Radio France vont fêter à la fois la musique et un nouveau stade dans le déconfinement de nos artistes. De L’Accor Aréna de Bercy à L’Olympia, du studio 104 de la Maison de la radio aux jardins du We Are, les artistes retrouveront la scène, les techniciens, et le plaisir de jouer ensemble. On chantera aussi encore aux balcons et dans la rue. Le 21 juin, entre « Fête de la Musique » et « faites de la musique » on se souviendra des mots de Yasmina Khadra : « la musique est le véritable souffle de la vie. On mange pour ne pas mourir de faim. On chante pour s’entendre vivre… ».

Didier Varrod, Directeur musical des antennes de Radio France

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La Fête de la Musique avec Radio France

Découvrez le programme de ces trois jours Fête de la Musique !
Les 7 antennes de Radio France vous feront vivre cette Fête de la Musique les 19, 20 et 21 juin à travers des concerts en live mais sans public, des émissions spéciales, la rediffusion de lives, des reportages et interviews d’artistes et d’acteurs du monde de la musique.

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