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Chanson de la semaine : Conversation

Conversation" avec Peter Peter
Conversation" avec Peter Peter © Cassandra jetten

Peter Peter « Conversation »

« Moi et mes amis travaillons fort à une version améliorée de la tristesse ». Dès ce premier titre publié en 2012, en forme de bréviaire générationnel, Peter Peter a écrit sa propre partition musicale et textuelle comme la parfaite transcription impressionniste d’un spleen baudelairien appliquée à la modernité d’une époque. D’une époque post punk, passé depuis longtemps du no futur à la désabusion, néologisme sur mesure inventé par Nino Ferrer.

En 2017, l’oxymore « Noir éden », titre du troisième album de Peter Peter parlait encore de sa tentation pour l’obscure beauté de la mélancolie. La musique de Peter Peter est toujours en soi un récit. Son goût pour les textures planantes exonère presque, dans l’absolu, le besoin d’y accoler des paroles. C’est encore ce que l’on ressent dans son nouveau morceau « Conversation » qui évoque subtilement son passage sur le divan d’un psychothérapeute. Avec ce nouvel album enregistré entre Paris et Montréal, Peter Peter poursuit sa quête d’identité au contact d’une époque inquiète. Si l’amour est souvent virtuel, les peines de cœur n’en reste pas moins violentes. Peter Peter interroge autant les relations amoureuses, que sa propre condition humaine dans une vie qu’il désigne comme je cite « une courte éternité ».

Les mots sont perlés d’un désenchantement maîtrisé qui ne conduit en aucun cas au désespoir. Comme un jeune homme à sa fenêtre, il observe le monde et notre existence comme une « super comédie ». Il en fait d’ailleurs le titre de son nouvel album. Il chante : « Vu de l’espace la terre est ronde, à mon échelle elle s’aplanit ». Toute la structure mentale de ce nouveau disque réside dans ces mots. Qui parfois précède le sentiment que l’on a tous plus ou moins vécu en cette période de confinement. Notamment lorsque Peter Peter pose cette question « Combien de jours fus-je coincé chez moi ? », formulée presque comme un mantra. Une question qui prolonge finalement la mécanique des affres de la création artistique, comme s’il avait deviné la crise que nous venons de traverser. Ce qui le conduit à écrire : « Sous les masques, les visages nus se révèlent les uns aux autres, aveuglément… ».

Moins électronique et frontal que le précédent opus, Peter Peter livre un album nébuleux, exigeant, introspectif, complexe et brillant à la fois. Si ces conversations furent de l’ordre psychanalytique pour soigner une intériorité fracturée, ses chansons ont aussi la vertu thérapeutique d’une conversation intime entre lui et ceux qui l’écouteront. Persuadés comme l’écrivait Aldous Huxley : « Il n’y a qu’une seule partie de l’univers que l’on peut changer d’une façon certaine, c’est soi-même ».

Réécoutez la chronique de Didier Varrod vendredi 5 juin sur franceinter.fr

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