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Coup de cœur pour l'EP « Fini » de Chahu

l’EP« Fini » de Chahu, un coup de cœur Radio France
Chahu © Ameline Vildaer

Fini de Chahu, l’instant suspendu

Il y a l’espoir d’un nouveau départ. La rencontre qu’on n’attendait plus et qui illumine nos lendemains. La confiance, évidente, de la bonne personne pour soi, les cœurs qui battent à l’unisson. Les éclats de rires francs. Et il y a tout le reste, chanté par Chahu pour nous le rappeler et nous le faire aimer par ce drôle de sire, un tristo bambino comme il aime se surnommer lui-même. 

Dans les chansons de cet angevin, de son vrai nom Charles Arnaud, des rendez-vous manqués ou la peur qu’ils le soient. Parfois, des sursauts d’espoirs, dans le meilleur des cas. Cet espace interstitiel où se nichent tous les « malgré », tous les doutes, les « si », les silences gênés et les scénarii tordus qui ne vont pas de soi et qui sont néanmoins ceux qui dirigent nos histoires d’amour souvent bancales car rarement idéales. "Tu disais "on ne sert à rien" mais moi j’étais bien", avoue Chahu dans RQN, car lui mieux que personne sait accueillir l’évidence du cadeau niché dans l’instant présent, dans ce qui est, le « pas mieux » et qui ne peut être que parfait car à accepter en l’état. À notre charge de le sublimer : Chahu nous y aide, en nous rappelant dans Le Vent que "Le train de vie des gens qui rêvent / Je m’y sens pas bien c’est vrai" car c’est quand le fantasme se dissipe que l’on peut commencer à composer avec la réalité pour en extraire toute sa beauté, invisible aux insatisfaits. Comme transformer le temps maussade en lumière dans Fini, puisqu’"Il fait tout gris mais toi tu t’émerveilles". Voir le diamant caché dans le morceau de charbon. Et décider d’aimer le charbon, avec ou sans diamant, rester humble car si "Apprendre à plaire et faire le bien" nous coûte, "J’ai préféré rester humain", confesse encore Chahu dans Le Vent

Cette humanité est celle qui fait inspirer confiance en ce jeune homme ceux qui se laissent toucher par son chant pudique et souhaiteraient porter plus haut sa voix. Chahu sait s’unir aux mains qu’on lui tend : tout d’abord, celle, fidèle et dévouée, de sa manageuse et bookeuse Clémence Maillochon de l’agence Tigre Noir ; il y aussi celle, technique et avisée de l’Équipe Espoir du Chabada dont il a intégré la team fédératrice et puis la main fraternelle, créative et inspirée de son ami Nerlov, chanteur pour lequel il compose et avec lequel il vient de commencer un projet commun, Pamieu (ah ?…), dont la déléguée musicale nord-ouest Marjorie Rousseau attend les premières créations en retenant son souffle. Unis jusque dans leurs voix, Chahu convie d’ailleurs Nerlov à un feat sur le titre Le Vent, invitation réitérée pour le morceau Lancé avec Teenage Bed. Pas si solitaire que ça malgré les apparences donc, ce tristo bambino qui multiplie aussi les collaborations avec le chanteur Stav et le groupe Joanne O Joan, mettant au service de ces artistes angevins ses talents de compositeur.

Sélectionné pour les auditions régionales des Inouïs 2023, Chahu y a fait apprécier un set en pleine évolution, d’avantage électro que son accompagnement habituel au seul yukulele pour cet aguerri à l’art de l’épure qu’il inscrit d’ailleurs jusque dans son chant sobre et retenu, aux phrases courtes comme des haïkus, à la limite du spoken word, lui donnant de faux airs de Bertrand Belin avec lequel il partage le goût d’une poésie aux mots sans filtres. C’est donc une évidence d’avoir déjà assuré ses premières parties tout comme celles de Pierre de Maere et de Johan Papaconstantino avec lesquels s’harmonise son univers délicat mais néanmoins puissant : la passion sourde n’y est jamais bien loin, tapie dans le réservoir de son cœur que l’on sent prêt à exploser pourvu que quelqu’un attise la flamme en soufflant nonchalamment dessus.

D’ici là, un brin de résistance inconsciente rôde lorsqu’il prévient dans DMB que "Dans mes bras j’irais pas moi Si j’étais toi moi". Lucide et comme désabusé par cet auto-sabotage, il enchaîne les constats dans Présent : "Marrant ce goût du vide / Cette auto Médisance / Je prends du gras du bide / La route n’a plus de sens…". Parfois, quand la lassitude ne nous permet plus d’aiguiser l’œil et le cœur, le désenchantement qui en découle fait étouffer la passion au plus près du but, comme un feu sous cloche ayant consumé tout l’oxygène après l’embrasement. Mais Chahu n’est pas que fait de ce bois là et continue de craquer ses allumettes au travers ses fréquents EP. 

Après 2222 sorti l’année dernière et playlisté sur FIP, l’univers complexe et attachant de Chahu est à découvrir dans son 3e EP composé de 5 titres intitulé Fini, sorti le 14 avril, qui l’a amené à jouer du Quai M à l’Astrolabe et de la Carène au 6 Par 4 un live intime, touchant, se risquant à l’ambiance club électro entre deux accords de cordes, préfigurant la nouvelle direction qu’il empruntera pour son futur album à paraître en 2024. Chahu prend son temps car "A quoi ça sert d’être en avance / J’aurais pu être quelqu’un de mieux (…) C’est le temps qui me prends / il enchaîne les ruses / Il est toujours présent", transformant chaque instant en éternité. Elle contient tous les possibles, même son propre feu de joie. 

Son dernier clip poignant RQN (Rien Que Nous), réalisé par Josic Jégu et interprété par Marguerite Cahuzac et le chien Sushi

RQN de Chahu - sur YouTube 🔽

► Ainsi que le clip DMB (Dans Mes Bras) réalisé en plan séquence par Josic Jégu 🔽

► Sa tournée est en construction, retrouvez toute l’actualité de Chahu sur les réseaux Facebook et Instagram Chahu (@chahualaprod)

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