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Hommage de la semaine à Jean-Loup Dabadie

Jean-Loup Dabadie, écrivain, en février 1990 à Grenoble, France
Jean-Loup Dabadie, écrivain, en février 1990 à Grenoble, France © Dominique BARRIER/Gamma-Rapho/Getty Images

Jean Loup Dabadie

Nous nous sommes davantage croisés que réellement connus. Mais il avait porté un sourire tendre et bienveillant lorsque je fus chargé en 2002 d’imaginer un album hommage à Serge Reggiani intitulé « Autour de Serge Reggiani ».

De Renaud à Jane Birkin, de Lavilliers à Arno, ou encore de Jeanne Balibar à Juliette, ils avaient tous répondu à mon appel. La plupart des textes des chansons étaient bien sûr signées de Dabadie. Il doit même à Reggiani son entrée officielle dans la chanson.

Le soir du lancement de l’album, celui qui n’était pas encore académicien, promenait sa douceur et son élégance française dans le grand salon où était organisé un cocktail pour le chanteur que beaucoup avaient déjà enterré. Fatigué mais heureux, Serge Reggiani offrait la lecture d’un dernier texte inédit et bouleversant « le temps qui reste ». Jean Loup Dabadie, sans jamais ne laisser rien paraître, avait le regard à la fois fier et pudique de l’auteur accompli. Il m’avait pris par le bras pour me souffler au creux de l’oreille « la vérité est dans ces albums qui n’ont rien de posthume ». Façon subtile de me dire qu’il faut dire aux gens qu’on aime qu’on les aime, mais de leur vivant. C’est ce que nous avons fait. Modestement à ma place. Et pour être le serviteur d’une œuvre. Une œuvre populaire, de France et si française. Essentiellement masculine, mais porteuse de cette âme française qui commençait à douter d’elle-même. Et de sa toute puissance.

Mais qui saura, par exemple, exprimer en une chanson l’essentiel d’un engagement humaniste que des centaines de débats n’avaient pas réussi à éclairer. Par la voix de Julien Clerc « L’assassin assassiné » qui entre pour la postérité dans les images à la télévision. Avec l’émotion difficilement contenue de Dabadie écoutant son chanteur transcender cette grande idée alors si impopulaire.

Des mots, des chansons, des sketches, des répliques de cinéma qui disent l’âme sensible d’un pays qu’il a fait entrer sous la coupole. Le père de la chanson française moderne, Charles Trenet, rappelons-le, avait été repoussé de la vénérable Académie. Jean Loup Dabadie en 2008 l’aura en quelque sorte vengé, de ce mépris si longtemps entretenu vis-à-vis des arts dits mineurs. Dabadie, préférait dire « arts frémissants ».

En apprenant sa disparition, j’ai encore frémi de l’âpreté des choses de la vie.

« Je ne sais plus où je suis né, ni quand
Je sais qu'il n'y a pas longtemps...
Et que mon pays c'est la vie
Je sais aussi que mon père disait :
Le temps c'est comme ton pain...
Gardes en pour demain...
»

France Musique rendra hommage à Jean-Loup Dabadie dans de nombreuses émissions, et notamment en rediffusant samedi 30 mai l'émission "Etonnez-moi Benoît" du 24 décembre 2011, où Jean-Loup Dabadie était l'invité de Benoît Duteurtre.

Didier Varrod, Directeur musical des antennes de Radio France

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