Magenta : Long feu
On a passé bien des nuits fauves avec eux. C’était pile au milieu des années 2010. Ce collectif a été la bande originale de ces années qui nous ont apporté tant de désillusions mais aussi l’envie encore d’y croire. Fauve, c’était comme dans un geste punk, « un no futur » pour qui voulait croire en l’avenir sur le long terme. Fauve c’était un Oui. Oui, tout de suite maintenant. Vivre intensément à s’en faire mal, à s’écorcher nos peaux pourtant faîtes pour nous protéger. On a depuis accroché en sautoir ces mots :
« Nous sommes de ceux qui continueront à courir / comme s'ils étaient poursuivis par les balles/Qui desserreront jamais les mâchoires / sauf pour sortir les crocs. » Et les crocs, cette fois ils les sortent avec un nouveau projet. « Magenta ». Les guitares se sont fait la belle pour laisser pleurer la Roland TR909. Ce sont dans les champs magnétiques de l’électronique que Magenta écrit désormais son présent. Rave générale dans le quartier Magenta. La jeunesse se désespère toujours mais aime toujours l’idée de s’oublier. Deux titres sont venus nous embraser et nous allumer avant le confinement. « Assez » et « Tom Tom club ». Nous avons pris feu au contact de cette production élégante co-signée du groupe et de Canblaster (Club Cheval) pour les textures, de Boogie Vice pour le mixage et d’Alex Gopher sur le mastering. Il y a les textes, bien sûr, qui bouleversent toujours comme celui à la profondeur existentielle en ces temps de confinement « Intimité » et puis il y a la voix acide et brûlée de Quentin Postel qui est à elle seule un obscur objet de désir. C’est certes une notion subjective, comme le sont souvent les histoires d’attirance sexuelle. Mais il y a dans ce chant, parfois incantatoire une portée érotique teintée de désespoir et de fragilité. Une attraction désastre comme le chantait Daho… Un boulevard s’ouvre pour Magenta.