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Billet d’humeur de Didier Varrod aux oubliés

Le billet d'humeur de Didier Varrod : hommage aux attaché(e)s de presse
Le billet d'humeur de Didier Varrod : hommage aux attaché(e)s de presse © Pixabay

Vous ne les connaissez pas... On les appelle « attaché(e)s de presse »

Vous ne les connaissez pas. Leur action ne se voit pas, et ne s’entend pas. Non pas qu’ils aiment forcément davantage l’ombre plutôt que la lumière, mais cela fait partie de leur condition humaine et sociale. Ils sont les ambassadeurs des artistes. Ils aiment parler pour eux, parfois même ils expriment une vision pour eux. On les appelle « attaché(e)s de presse ».

Je n’ai jamais trouvé ce terme très joli. Parce que derrière cette profession mal connue se cachent une foison de libertés et de passions, de détermination, d’humilité et de patience. Ce sont elles et eux qui souvent nous conduisent jusqu’à la lumière des artistes. Souvent, pour nous convaincre, ils font usage d’une force de conviction qui nous impressionne. Il arrive aussi que l’on ne se comprenne pas. Il y a même parfois où l’on se sent, disons-le franchement un peu harcelé. Même si le mot est fort il traduit quelquefois des situations, où par manque de temps ou de disponibilité intellectuelle pour être à leur écoute, nous risquons de passer à côté de notre métier. Mais on finit toujours par se retrouver. Car, si elles et ils font ce « pressing » ce n’est pas pour eux, mais bien pour servir ces artistes qui en demandent beaucoup. Parfois trop. D’où souvent l’ingratitude de leur mission. Mais c’est aussi le jeu normal. Pour la grande majorité des artistes, c’est aussi souvent une question de survie.

Au fil des années j’ai forcément créé des liens forts, partager des passions mais aussi mes doutes, avec celles et ceux que l’on appelle donc « attaché(e)s de presse ». Avec elles et eux nous avons deux vies. L’une professionnelle et l’autre festive et souvent l’une ne va pas sans l’autre. Et c’est bien ainsi. Souvent on aimerait tant ensemble que les choses avancent plus vite. Je connais le poids de la difficulté de leur tâche. D’autant qu’avec l’évolution de nos métiers depuis 10 ans, beaucoup ont choisi le maquis de l’indépendance pour poursuivre leur passion. Une nouvelle génération d’attachés de presse a aussi profondément renouvelé les codes de leur métier. Adeptes du développement « 360 », ils sont à la fois souvent managers et ambassadeurs, directeurs artistiques et de conscience… Ils ont pris un rôle fondamental pour accompagner les artistes dans une spirale de vitesse où il ne faut pas se rater. Pendant la tragédie sanitaire, elles et ils sont restés à nos côtés. Fidèles et conscients qu’ils étaient le lien le plus sûr entre les artistes et nous. Aujourd’hui, les attaché(e)s de presse indépendant(es) sont confrontés à une incertitude croissante. Ils s’organisent en un syndicat légitime. Ils se sont adressés la semaine dernière au président du CNM nouvellement nommé.

« Nous sommes des milliers de structures indépendantes qui sans être productrices de disques ou de spectacles, créent de la valeur et des emplois dans cette industrie, et portent des savoir-faire sans lesquels aucun événement culturel n’aurait lieu. »

Ils ont amplement raison. Ici n’est pas le lieu d’ouvrir une tribune politique mais de vous transmettre simplement l’impérieuse nécessité de prendre en compte ces grands métiers de l’ombre qui depuis toujours nous permettent d’exprimer nos passions et nos entêtements. Qu’ils soient remerciés ici de leur noble mission au service de la diversité musicale, de la découverte, et de l’indépendance. En cela ils font œuvre à leur façon de service public.

Didier Varrod, Directeur musical des antennes de Radio France

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