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Billet d’humeur de Didier Varrod : Dis quand reviendras-tu Printemps de Bourges ?

Le billet d'humeur de Didier Varrod
Le billet d'humeur de Didier Varrod © Pixabay

J’ai donc beaucoup rêvé pendant toute la durée de ce Printemps de Bourges imaginaire. Que ces acteurs et inspirateurs soient remerciés ici.

Cette étrange mise en situation qui consistait à retrouver les artistes cinq minutes avant leurs entrées sur ces scènes imaginaires, a procuré chez moi quelques effets secondaires. Une sorte de manque irrépressible qui raconte aussi la réalité affective de ces moments de collusion fraternelle.

Bien sûr l’annulation des festivals est d’abord une tragédie pour l’offre culturelle de notre pays. Tous nos efforts doivent être déployés pour tenter de compenser, sans nous faire trop d’illusions, l’écroulement (le terme a été employé par le premier ministre lui-même) d’un secteur culturel essentiel. C’est un vivier d’emplois que l’on aurait tort de négliger. Souvent synonyme aussi de premières expériences professionnelles, il est aussi un formidable accélérateur de talents en prise avec les outils numériques d’aujourd’hui et du futur. C’est aussi un défi, celui d’une culture d’exception dans un monde globalisé. C’est enfin la culture du vivant (du live) dans un monde qui se digitalise et se virtualise un peu plus chaque jour.

Il y a cette réalité économique, mais il y a également un impératif social. Les festivals sont aussi au-delà de leur mission de découvertes d’artistes, ou de partages de ceux que l’on aime déjà, un moment de vie, une parenthèse enchantée, une expérience sociale et humaine qui varie le temps de la fête. Il y a donc bien sûr les motivations artistiques, mais il y a aussi la promesse d’un espace de convivialité, un sorte de ville dans la ville, de micro société libre et parfois un peu libertaire.

Le festival est l’ennemi des gestes barrières, il est l’antidote à la distanciation sociale. Ce désir de fête en soi ou pour soi comme l’ont si bien décrit Aurélien Djaoukane et Emmanuel Négrier est désormais proscrit. Cette capacité émotionnelle que nous offre le festival de nous retrouver, de nous serrer, de nous toucher, de nous aimer et de nous enivrer est pour l’heure évanouie.

Si le festival est ainsi un lieu de vie éphémère où l’émancipation du corps s’exprime (et parfois malheureusement pas comme on le voudrait), c’est aussi un lieu d’expérimentations et même de catharsis. C’est un moment social ultime où l’on est soudain partiellement délesté de sa condition, et de fait moins jugé socialement.

Ces parenthèses de vie sont devenues nécessaires à l’épanouissement de toutes les jeunesses du monde. Nous les retrouverons bien évidemment. Mais le fait d’avoir tenté de connecter de façon imaginaire avec elles, ne serait que le temps de quelques chroniques, a ouvert béant le tissu de ces « play blessures » que le monde virtuel ne soignera jamais.

Retrouvez les chroniques du Printemps de Bourges de Didier Varrod sur https://www.printemps-bourges.com/ 

Didier Varrod, Directeur musical des antennes de Radio France

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