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Hommage de la semaine à Philippe Zdar

Philippe Zdar en 2005 à Paris
Philippe Zdar en 2005 à Paris © Jean Baptiste Lacroix/WireImage/Getty

Philippe Zdar, il y a un an déjà…

Nous aurions dû nous en douter. La disparition brutale de Philippe Zdar le 20 juin 2019, la veille de la Fête de la Musique où je devais le retrouver sur la scène de l’Olympia, était finalement annonciatrice d’une sale année pour le monde de la musique.

Ce garçon talentueux comme personne, drôle et bienveillant à la fois, beau et puissant comme le soleil d’Ibiza me manque. Avec sa mort, c’est comme si tout à coup quelque chose en nous s’était brisé. La fin d’une époque bien sûr, mais aussi l’anéantissement d’un sentiment décisif, celui d’un optimisme forcené. Avec lui, même dans les moments les plus sombres, on pouvait inconsciemment croire encore que ça pouvait aller. Un sourire de Zdar et tout repartait. Un mix de Zdar et on retrouvait notre fierté. Un morceau de Cassius et on y croyait encore à nouveau. Sans s’accrocher désespérément à notre jeunesse en fuite, mais en étant fier de vieillir beaux. J’ai toute une vie dans la musique avec lui. De loin en loin, dès ses débuts avec MC Solaar, puis avec Cassius lors d’émissions qui resteront toujours des exemples de moments de partages authentiques.

C’était « un homme son » capable par exemple de transfigurer un morceau prodigieux comme celui de Perez « Une autre fois ». Parler de musique avec lui, c’était aller à la rencontre de mondes prodigieux. On a pour habitude de dire que les hommes de studio parlent le langage de la technique, voire de la technologie.

Les mots de Zdar étaient ceux de la passion. Avec lui, on pouvait se sentir musicien sans l’être. On pouvait comprendre les ressorts romanesques d’un mixage sans connaitre le moindre lexique de manipulation d’une console. Il ne posait aucune hiérarchie sur les morceaux ou les artistes pour lesquels il travaillait. Malik Djoudi ou The Rapture, pas de différence. Seule l’émotion et l’intention comptaient. Bien sûr il y avait les lumières d’une biographie de légendes, d’Etienne Daho aux Beastie Boys, de Phoenix à Cat Power, de Pharrell Williams à Sébastien Tellier, de Lou Doillon à Kindness, de Hot Chip à The Rapture… Mais il y avait cette étincelle du génie qui était celle de son souffle d’humanité qui irriguait ses doigts sur une console de studio.

Aujourd’hui, sort le single de Cassius « Toop toop » repris par Cat Power et M. La compagne de Philippe, Dyane de Serigny, a écrit pour l’occasion un petit texte :

« Chan (Cat Power) et Matthieu (-M-) voulaient rendre hommage à Philippe lors de sa cérémonie d’adieu le 19 juin 2019. Quelques jours auparavant, nous nous sommes tous retrouvés au studio Motorbass pour les écouter répéter. Nous étions dans l'entrée, sans oser investir le studio, tout était trop frais, trop surréaliste. C’était inconcevable d’être là sans lui. Cat Power et -M- fredonnent "Toop Toop"... Un moment si magique que nous décidons immédiatement d’allumer tout le studio, de brancher des micros et de faire le 1er enregistrement de la vie d’après. Un acte fondateur qui nous donnerait du courage, à nous tous mais aussi pour préserver l'avenir de ce studio qu’il a tant chéri… »

Je reste inconsolable, mais si fier de l’avoir connu.

Didier Varrod, Directeur musical des antennes de Radio France

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