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L’album de la semaine : hyper

l'album d'Hervé "Hyper"
Le premier jour du reste de ma nuit - Hervé (copie d'écran)

Hervé « hyper »

Rarement un titre d’album n’aura été aussi bien choisi. « Hyper » parce qu’Hervé n’a pas hésité à aborder son métier d’auteur compositeur dans une intensité explosive, avec cette idée d’être émotionnellement toujours plus haut, plus fort, plus extrême pour éviter les marécages des territoires de la normalité. Hervé incarne assez bien cette « fureur de vivre » dont il a fait l’un des titres les plus forts de son premier album. Hervé est un athlète, ou peut-être plus précisément, avant d’être un compositeur et un auteur affuté, un rythmicien. Un sorcier de la pulsation qui renvoie à ce que disait Senghor « seul le rythme provoque le court-circuit poétique, et transforme le cuivre en or, la parole en verbe ». Chez ce jeune musicien producteur, les mots, la diction, et les mélodies sont nés d’une matrice eurythmique. Et bizarrement avant même que l’on soit contraint aujourd’hui de ne plus marcher, de ne plus être dans le mouvement, Hervé a fait référence pour illustrer en image sa chanson « Le premier jour du reste de ma nuit » à ses années où pour gagner sa vie il faisait le ménage. Pour Hervé, ce titre est aussi un remue-ménage rendant hommage à la folie psychédélique et électro d’Andrew Weatherall, le grand réunificateur du rock et de la techno.

Andrew Weatherall, c’est le prodige du son rugueux et déglingué qui avait travaillé sur l’album fondateur de Primal Scream dont la philosophie exprimait cette idée : « tous les grands changements en musique viennent d’un accident ». Hervé, du haut de ses 26 ans, aurait pu certainement souscrire à ce précepte. Ex footballeur, en position d’ailier droit, il a trouvé dans la musique une belle métaphore de son premier éden adolescent. Puisque le fait de se trouver sur le côté n’est qu’un point de départ. Un latéral offensif qui permet de jouer sur le pied, fort, et donc vers le cœur du jeu sans laisser d’espace. Ce descriptif de jeu footballistique, on le trouve aussi encore dans le morceau « Si bien du mal ». Une chanson qui donne l’occasion pour Hervé de poursuivre sa conquête du territoire ménager confiné, en illustrant sa chanson d’un clip en cuisine mansardée. Chansons courtes, petits sprints haletés, avec déhanchement pelvien en supplément au programme, pour faire sauter les crêpes, le style Hervé s’affirme. Cette trans sex machine en cuisine a aussi été l’occasion pour le chanteur de solliciter sur Instagram les confinés du monde entier pour faire à leur tour leur propre show en cuisine. Ce qui aussi illustre la personnalité du garçon qui en ces temps de repli forcé, utilisa ses contraintes pour en faire une opportunité. Ce qu’il fait encore aujourd’hui avec un troisième nouveau titre « Trésor » qu’il présente en version live avec ses musiciens filmés à distance. Des visions de Gaby oh Gaby pour faire bombez le torse bombez… Hervé, avec cette chanson de circonstance soigne sa propre dyslexie adolescente qui se cognait entre ses oreilles : la boxe entre le son et ses mains. Où les désirs font désordre, slogan tour à tour féministe, lesbien, social, parlant au cinéma de la précarité, et qui se retrouve ici confronté au besoin d’Hervé de faire « une pause au stand » et comme il l’écrit, d’accepter que le monde puisse se lever sans lui. Pendant que nous, grâce à ses chansons, on se lève tous définitivement pour lui

Hervé aime à dire que sur scène « il vide son sac ». Il a réussi à capter cette énergie sur ce premier album comme en témoigne l’accélération qu’il met dans sa course « Maelstrom », ou lorsqu’il joue avec sa propre traversée du désert qu’il transforme en « des airs de toi ». C’est le rôle transcendantal de la musique qu’il célèbre aussi. Hervé essoufflé, en sueur, éperdu, sensuel nous démontre qu’il n’y a plus de temps pour attendre. Courir à perdre haleine, en gardant toujours le goût du bonheur.

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