1 CD. 61’26 – Sortie mars 2003
Premier regard, Marc Monnet (10 mouvements)
Etat second, Rom et Pascal Contet
Trois rêves, André Serre-Milan.
Comme le souffle, comme l’air, léger, dense, indispensable, l’accordéon de Pascal Contet invente, comme une allitération, un espace ténu et tenu.
T’es nu ? C’est justement à une sorte de nudité qu’il nous convie, nous poussant à quitter l’espace ordonné des écoles et des styles musicaux, afin d’approcher l’accordéon ou plutôt l’accord des sons comme on s’agrippe à une embarcation imaginaire, paré pour un voyage contrasté et doux.
Des phrases simples mais aussi pleines de virtuosités ; un son instrumental à la fois minimaliste et grandiose ; une technique jamais tapageuse et qui s’applique en permanence à se faire oublier ; Pascal Contet ne joue ni du piano à bretelle, ni de celui du pauvre, mais d’un instrument qui grâce a des transformations électroniques finement gérées, devient, tantôt une trame électroacoustique riche et dense mais aussi parfois une percussion légère qui semble sortir du soufflet et des touches, tant la fusion est évidente.
Parfois c’est presque du silence habité par des zébrures infimes et par de petits crépitements exhalés à peine qui oscillent entre la note reconnaissable et le son transformé.
Parfois c’est soudain l’orage et la colère, où le souffle associé aux miracles de la fée Électricité engendre une musique sauvage et dense pleine de « bruits et de fureurs » .
Et toujours cependant, pour ponctuer l’espace, on retrouve aussitôt le son plein et limpide de la note nue du début.
Dans le registre de l’accordéon, instrument que nous croyions connaître tant il fait partie de notre culture, nous n’avions pas eu jusque-là, la chance de découvrir cet univers parallèle, cette autre dimension à la fois reconnaissable et inouïe, grave et ludique, exigeante et colorée.
Pascal Contet synthétise parfaitement l’idée d’une modernité accessible, riche d’invention et qui, tout en ne rompant pas le fil qui le relie à l’histoire de son instrument, nous en impose une nouvelle approche magique, composée et imaginative, comme le souffle, comme l’air ; léger, dense, indispensable.
Considéré par la critique internationale comme l’un des principaux acteurs du renouveau de l’accordéon en France, Pascal Contet se fait non seulement le charpentier d’un nouveau répertoire (entre autres Ballif, Bussotti, Cavanna, Drouet, Fénelon, Globokar, Rebotier) mais aussi le briseur de frontières artistiques, ce qui lui permet d’aborder les musiques improvisées et théâtralisées (Jean-Pierre Drouet, Andy Emler, Vinko Globokar, Jacques Rebotier), de participer à des productions chorégraphiques (Stéphanie Aubin, Jean-Claude Gallotta, Angelin Preljocaj, Loic Tousé et Emmanuelle Huyhn). Invité des ensembles et des orchestres symphoniques, il a joué sous la direction de chefs comme Pierre Boulez, Diego Masson, Pascal Rophé ou Philippe Nahon.
David Jisse.
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La collection SIGNATURE.