Jean Giono. Du côté de Manosque
2 CD, 2h – Sortie le 4 juin 2015
Dans le paysage littéraire du XXe siècle, Jean Giono, figure dominante, est pourtant à part.
Resté à l’écart des courants, souvent même à contre-courant, n’ayant pas fait école, pas cherché à exercer une influence littéraire ni à dégager la théorie de son écriture, il est inclassable.
L’histoire de ces quinze entretiens radiophoniques – enregistrés à Manosque en avril et juillet 1965 et diffusés sur France Culture en octobre de la même année – commence avec la lettre que Jean Giono avait adressée à Jean Carrière en juin 1954. Onze ans d’affection réciproque entre les deux hommes, auxquels il faudrait ajouter nombre d’années antérieures de passion d’adolescent inconditionnelle, expliquent la spontanéité de ces entretiens, et le ton familier de Jean Giono. Il s’agit moins ici d’un écrivain interrogé que d’un homme mis en confiance.
Je vais te parler du phénomène, du phénomène de l’écriture, pour t’expliquer toujours comment se fait un livre, qui pour moi est très important. Je me mets toujours au travail le matin devant ma page sans savoir du tout ce qui va se passer. Rien n’est préparé. Rien n’est prêt. Je m’arrête le soir à un moment où je ne sais pas ce qui va se passer ; car je me raconte en premier lieu le livre à moi-même, ce qui m’intéresse, c’est de me raconter ce livre, plus que d’écrire un livre pour écrire un livre. J’écris moins pour le public, j’écris pour mon plaisir personnel. Si le livre m’ennuie, je le quitte et je fais autre chose. On peut faire des voyages, on peut faire n’importe quoi, on peut même faire des ballets roses si on veut. Mais le plaisir que je prends à écrire un livre dépasse tous les autres plaisirs.
Jean Giono