• Fréquences
  • Accès
  • Contact

Obsessions Bis

Christophe Bier (auteur)
,
Pakito Bolino (illustrateur)
Parution : 01.11.2023
Editeurs : Le Dilettante
Thèmes : Arts Littérature
Distributeur : Le Dilettante
ISBN : 9791030801163

228 pages

prix éditeur : 20

Comme l’indique tout bon dictionnaire, l’« obsession » (du latin obsessio) renvoie à l’idée de « blocus » et de « siège ». Tout obsédé est un assiégé voluptueux. À longueur de vie, par une infatigable armée de désirs et de fascinations, de lubies et d’envies concrètes, il se voit cerné, harcelé, illuminé et propulsé. Néanmoins, être obsédé est un art, se laisser hanter une discipline, voire une ascèse, qui demande méthode et maintien.

Ainsi, le maître Christophe Bier a fait de l’obsession l’ultime forme du dandysme, un 10e art où se mêle à la plus bénédictine des éruditions collectionneuses, à la plus totale acribie, l’appel de tout un monde de gouffres humides et de jungles de velours, de pics turgescents et de déflagrations caressantes.

Écloses chaque samedi à 22 h 55 sur France Culture, entre le 3 septembre 2016 et le 17 décembre 2022, en bouquet final à l’émission Mauvais Genres les 132 chroniques d’Obsessions bis (quel meilleur titre ?) sont un extraordinaire lâcher de monstres, une phénoménale parade de créateurs singuliers et de créatures inouïes, de cas uniques et de marginaux absolus.

Alors, ouvrons à deux battants la porte de l’arène aux obsessions bieriennes. Qu’en foule le sable la Bier family, où s’ameutent les panthères mauves du cinéma bis érotico-déviant (Chelo Alonso ou Edwige Fenech) et les stars désenchantées de l’écran français (Gaby Morlay), des archanges du BDSM à la taille de coquetier et aux glands perforés (Fakir Musafar) et des producteurs dans la débine de bobines hallucinantes ou de cases interdites, des couturiers fétichistes (Charles Guyette) ou des photo-scénographes gay (Bob Mizer). Ne sont pas en reste les Bier brothers, les « paganinis » de l’exhaustivité (l’éditeur-libraire lausannois feu Michel Froidevaux, Pascal Françaix ou David Didelot), érudissimes metteurs en fiches de l’innommable.

Mais Christophe Bier ne fait pas qu’empoigner le manche du fouet, il tient aussi les cordons du poêle. En nécrologue averti, lui seul sait conduire le catafalque des gloires du « mauvais genre » : le cinéaste Umberto Lenzi, l’actrice Dyanne Thorne ou l’illusionniste Jim Fou. Écrite à mots pesés, avec un lyrisme de Monsieur Loyal et une précision de graveur de timbres, close par un salut amical au directeur de l’établissement, François Angelier, cette suite logique d’Obsessions (Le Dilettante, 2017), défense et illustration des marges brutes, gotha des passeurs de Rubicon moraux, doit se lire comme elle a été conçue, avec délectable patience et profonde jouissance.

Christophe Bier est né en 1966 à Dax. Il abandonne très lâchement ses études de lettres classiques pour être comédien. Il débarque à Paris en 1989 et devient l’assistant de Jean-Pierre Mocky qui le promeut « chasseur de gueules » et lui fait jouer aussi bien un vieillard mutant qu’une femme de procureur. Il travaille dix ans sur le Dictionnaire des films français pornographiques & érotiques 16 et 35 mm (Serious Publishing, 2011), arme théorique de mille pages et pesant un kilo et demi , qu’il a conçue pour assommer les censeurs. Il collectionne les romans de flagellation des années 1930, possède plus de quatre mille « fumetti per adulti », l’intégralité des « Brigade mondaine » et des « Gore » et archive des photos de cinéma avec des nains et des hommes habillés en peaux de gorilles. Autant de raisons qui en font, depuis 2001, un chroniqueur régulier de Mauvais Genres, sur France Culture.

Produits associés

Sur le même thème