Yan Maresz. Zigzag Études pour orchestre
En téléchargement. Mise en ligne le 12 février 2014
Yan Maresz, « Zigzag Études » pour orchestre Orchestre Philharmonique de Radio France. Pascal Rophé, direction.
De l’étude comme litote Lorsque Radio France confie à Yan Maresz une commande pour sa série «Alla Breve», devenue entre-temps un programme parmi les plus emblématiques de France Musique, le compositeur est dans toutes les conversations du Paris musical contemporain : son œuvre Metallics, pourtant composée dans le cadre d’un cursus de formation (celui de l’Ircam) et pour la nomenclature faussement aisée de l’instrument solo et électronique, faisait littéralement le tour du monde. Exubérance timbrique et cohérence grammaticale s’y épousaient dans des noces que l’on croyait réservées au Boulez des années post-Rituel et au meilleur Berio : voilà qu’un artiste français (monégasque, précisément), venu des écoles d’art de la East Coast, d’abord familier du melting pot stylistique new-yorkais avant de ne s’initier à des techniques d’écriture plus européennes, notamment spectrales, apportait une pièce décisive au corpus de la fin du XXe siècle. Bref, c’est peu de dire que la «Breve» de Maresz était attendue au tournant. Le 9 septembre 1999, magnifiée par l’oreille laser et le geste sûr de Pascal Rophé à la tête de l’Orchestre Philharmonique de Radio France, les Zigzag Etudes naissaient pour les ondes : elles n’ont jamais cessé de rayonner. Travail d’orfèvre, créées sur scène dès 2000 (au Festival Présences) et intégrées depuis au répertoire de certaines des plus grandes phalanges internationales, les Zigzag Etudes rassemblent dès leur titre deux termes quelque peu sibyllins, et néanmoins formidablement évocateurs. Le compositeur s’en explique dans un texte rédigé pour l’occasion, qui fournit simultanément quelques clés de son esthétique et des indices essentiels pour l’écoute : «Ces (cinq) petites pièces (de deux minutes chacune) peuvent être enchaînées ou jouées de manière indépendante. J’ai profité de leur brièveté pour les envisager comme des études au sens propre du terme et me suis attaché à leur donner contraste et diversité, tout en leur faisant partager un élément suffisamment saillant pour en assurer l’unité. Il y a zigzag entre les divers éléments d’une même pièce, entre les idées exposées dans chacune d’entre elles (développement ou résolutions à distance), entre les périodes rythmiques indépendantes des différents groupes instrumentaux jouant simultanément (polyrythmies), et d’une manière plus symbolique, entre les partiels constituant les timbres instrumentaux.» On le voit : Yan Maresz revendique cohérence et richesse de sens tout en soulignant le souci de variété des effets musicaux – et, miracle (fruit, on s’en doute, d’un travail intense : Maresz est un compositeur rare, à la production millimétrée), l’écoute confirme cet équilibre entre un propos infiniment séduisant, à commencer par la sensation d’un orchestre «machine énergétique» dans la lignée du Stravinsky des Ballets russes, et la satisfaction d’un propos que l’on sent ciselé à l’aune des grandes «griffes» de l’art musical. Unité des microformes, contraste entre les parties et néanmoins directionnalité de la pièce, jeu sur les attentes et leur résolution : l’oreille perçoit ces quelques grands sujets des meilleurs rhétoriques musicales à l’écoute de ces Etudes, appellation sous forme de litote de quelques-unes des minutes les plus gratifiantes de la musique symphonique composée ces dernières années. _________________________________________________________ L’Orchestre Philharmonique de Radio France a toujours été un acteur majeur de la création musicale. Chaque saison, l’Orchestre Philharmonique propose une quinzaine d’œuvres nouvelles en création, et participe aux grands festivals de musique contemporaine (Présences, Musica, ManiFeste, Festival d’Automne à Paris). Les musiciens ont eu la joie d’accueillir de nombreux compositeurs pour diriger leurs œuvres comme Pierre Boulez, Peter Eötvös, George Benjamin, ou Esa-Pekka Salonen. Retrouvez le souffle de la musique d’aujourd’hui, dans une collection unique en téléchargement, l’occasion de découvrir les mondes sonores de Augusta Read Thomas, Yan Maresz, Bruno Mantovani, Tristan Murail, Marco Stroppa.
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La collection DENSITÉ 21 – RADIO FRANCE.