L’itinéraire d’un caricaturiste dans la Turquie d’aujourd’hui
Ersin naît à Istanbul, au début des années 1980. Pour boucler les fins de mois, son père peint des petits tableaux. Le garçon s’imagine alors que, dans tous les foyers, on dessine. Les héros de papier deviennent les compagnons de son quotidien. Son avenir est tout tracé : il sera dessinateur ! Mais « ceux qui s’intéressent à l’art habitent dans d’autres quartiers ». Pour le bonheur de sa famille, il choisit alors un métier « bien plus raisonnable ». Mais les rêves ne sont pas faits pour être oubliés, moins encore quand ils défendent la liberté dans un pays qui sombre dans un régime autoritaire et religieux. Ersin a grandi à Istanbul et il est devenu Ersin Karabulut, dessinateur reconnu.
Dans Journal inquiet d’Istanbul, Ersin Karabulut – dessinateur de presse et caricaturiste, rédacteur en chef d’un magazine satirique et auteur de bandes dessinées – raconte son histoire, mais aussi celle de son pays, la Turquie. Dans ses excellents « contes ordinaires », l’auteur nous entraînait dans une époque et un monde semblable aux nôtres, y glissant subrepticement une touche de fantastique pour mieux pointer une dérive, une aberration de notre société. Rien de cela dans ce nouvel album : Ersin Karabulut s’ancre dans la réalité. Il parle sans détour de son parcours, celui d’un gamin amoureux du dessin avant d’être un militant ; de son pays, tiraillé par de violents antagonismes politiques et sociétaux.
Ce récit sans concession – ni pour l’auteur lui-même ni pour la Turquie – est porté par un graphisme exceptionnel qui entremêle caricature et réalisme. On retrouve, car c’est une habitude chez Ersin Karabulut, la force des émotions qu’il dessine à la perfection. Ce « journal » est la première partie d’une autobiographie aussi drôle que grave ; un manifeste pour la liberté de pensée, la liberté d’expression et la liberté de la presse !
Ersin Karabulut naît le 3 juin 1981 à Istanbul, en Turquie, où il suit les cours des beaux-arts. Très jeune, il dessine dans plusieurs magazines satiriques. En 2007, avec quelques amis, il crée sa propre revue, Uykusuz (« insomniaque »), dont il est le rédacteur en chef. Plusieurs de ses récits ont été publiés en français (Fluide glacial) dans deux recueils : Contes ordinaires d'une société résignée (2017) et Jusqu'ici tout allait bien (2020).
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