Honduras. Ensemble Wabaruagun. Chants des caribs noirs
Les Garinagu (pluriel de Garifuna) sont nés du naufrage de deux navires négriers espagnols sur les récifs de l’île Saint-Vincent dans la mer des Antilles en 1635.
Les hommes noirs qui survécurent, la plus grande majorité originaire de l’Afrique de l’Ouest, du Congo et de l’Angola, furent recueillis par les indiens Caraïbes ou Kallinago, un peuple à la cruauté légendaire. Outre les populations du Belize et du Guatemala, qui comptent environ 25 000 personnes, près de 100 000 d’entre eux vivent aujourd’hui aux Honduras, répartis dans une quarantaine de villages.
Pour les Garinagu désormais désunis, privés d’autonomie politique et dispersés, le rituel, la langue et la musique sont devenus les principaux refuges de l’unité culturelle menacée.
Pour cela, ils demeurent liés où qu’ils se trouvent à leur culte des morts. La cérémonie dügü, rituel dédié aux ancêtres, toute vibrante de chants et de danses, n’a jamais cessé de se produire, malgré les multiples tentatives de l’église catholique pour l’éradiquer.
La plupart des thèmes chantés et dansés aujourd’hui accompagnaient à l’évidence les activités agricoles et rythmaient les festivités et cérémonies dès l’origine. C’est le cas, par exemple, des chants associés au rapâge du manioc, de ceux chantés par les femmes, les abaimahani, et par les hommes, les arumahani. Ces chants a capella ont vraisemblablement été empruntés aux Kalligano avant de suivre leur propre évolution au sein du groupe garifuna. L’héritage africain transparaît et occupe le premier plan dans tous les thèmes rythmés et en chants alternés, comme, par exemple, le hunguhungu ou le dügü. De même pour la punta, dont une légende raconte qu’elle serait née dans l’île. L’histoire de cette danse accompagne en se parant de significations diverses, toute l’histoire du peuple garifuna, tout à tour danse de fertilité, qui semble plonger ses racines au plus profond de l’héritage africain, danse funèbre exécutée dans la plupart des cérémonies, danse de réjouisssance dont le répertoire est connu des anciens comme des plus jeunes – de nos jours véritable emblème culturel.
Honduras. Songs of the Black Caribs. Wabaruagan Ensemble
The Garinagu (plural of Garifuna) were born after the foundering of two Spanish slave ships on reefs off the island of St. Vincent in the West Indies in 1635. Black men who survived the ordeal, coming mostly from West Africa, the Congo and Angola, were taken in by the Caraïbes or Kalligano Indians, a people of legendary cruelty. Apart from populations in Belize and Guatemala, numbering about 25 000, close to another 100 000 Garinagu live today in Honduras, spread out in forty-odd villages. A people disunited, deprived of political autonomy and dispersed, their rituals, language and music have become symbols of their threatened cultural unity.
The Garinagu are quite certain that most of the songs and songs they perform today originally accompanied work in the fields and animated festivities and ceremonies of long ago. This is definitely so in the case of music to accompany the grating of cassava : abaimahani, sung by women, and arumahani, sung by men, are a capella songs most probably borrowed from the Kalligano before evolving in their own way within the Garifuna community. African roots are obvious in rythmic themes with alternating chant like hunguhungu or dügü. This is also true of punta, a dance which, though reputed to have been born in the island, is a reflection of the checkered history of the Garifuna people itself, having been a fertility dance deep-rooted in African heritage, a funeral dance performed at most ceremonies, and a festive dance now as popular with the young as with the old – a veritable cultural emblem.