Inde du Sud. Musique des Monts Nilgiri
Kota-Toda-Irula-Kurumba
Coffret 2 CD 57’41 et 55’22 – Sortie le 4 décembre 2012
Située à l’ouest du Tamil Nadu, en bordure du Kerala et du Karnataka, les monts Nilgiri (« Montagnes Bleues ») abritent les Kota, les Toda, les Irula et les Kurumba – peuples autochtones dont les musiques (chants aux techniques variées, hautbois, clarinette, flûte, trompe et percussion), couvrent un vaste champ esthétique : des accents immédiatement «indiens» des bhajan kota, aux chants toda qui semblent émaner d’un univers tout autre.
Un relief complexe, des contreforts escarpés, une nature luxuriante où vivent tigres, ours, éléphants ou cobras, ont laissé les habitants des Nilgiri dans un relatif isolement jusqu’à la fin du XVIe siècle. L’expansion démographique ne débutera qu’au milieu du XIXe siècle lorsque les Britanniques y installeront quartiers d’été et culture du thé. Les peuples autochtones ne représentent plus aujourd’hui que 4% de la population des Nilgiri.
Les Toda habitent une soixantaine de villages dispersés sur les hauteurs des Nilgiri (1800-2600 mètres). Ils vouent un culte au buffle et leurs temples-laiteries, vides, sans idoles, sont dédiés à la transformation du lait des buffles sacrés – notamment en beurre clarifié. C’est au cours de leurs fêtes rituelles et de l’ensemble des cérémonies qui ponctuent les étapes de la vie, que les chants et les danses collectives sont interprétés.
Les Kota habitent sept villages comptant chacun un temple dédié aux deux divinités principales – le dieu-père Aynor et la déesse-mère Amnor. Les fêtes rituelles liées à ces divinités monopolisent une bonne part de l’activité musicale : musique instrumentale avec orchestres de hautbois et tambours, et vocale avec danses et chants collectifs féminins. En dehors de ces périodes, l’utilisation de ces instruments est restreinte et réglementée. La musique est alors plutôt vécue comme une activité individuelle.
Les groupes Irula et Kurumba enregistrés présentent la particularité de vivre à proximité les uns des autres. Malgré des pratiques cultuelles distinctes, ils intègrent de nombreux traits de l’hindouisme. Dans les villages mixtes, les deux communautés fréquentent parfois un même temple et la proximité des lieux et des personnes est saisissante au plan musical : toutes les fêtes rituelles et cérémonies intègrent des groupes de sonneurs-batteurs qui, bien souvent, sont issus des deux communautés. La pratique du chant – plutôt intime – laisse au contraire apparaître les particularismes musicaux de chaque groupe.
Cette publication, 2e titre de la série, initie une collaboration entre Ocora Radio France et le musée du quai Branly en vue de publier une collection, sous la forme de coffrets dédiés à des traditions musicales spécifiques.